Aux Etats-Unis, la Cour suprême a décidé que le droit à l’avortement relèverait désormais de chaque Etat et non plus de la loi fédérale. En France, certains se sont précipités sur cette décision américaine pour réclamer l’inscription de l’IVG dans notre Constitution. Moi, je m’y oppose, et c’est un point de désaccord avec Éric Ciotti et Aurélien Pradié.
Ce désaccord, je l’assume, et je tiens à expliquer pourquoi, car il dit beaucoup du président de LR que je veux être et de ce que je ne veux plus pour la droite.
Je ne veux plus que la droite plie devant la gauche. Car cette proposition d’inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution vient notamment de La France Insoumise. Cette proposition ne se fonde sur rien : aucun parti, aucun responsable public, à commencer par moi, ne veut remettre en cause la loi Veil ! N’y a-t-il pas d’autres urgences à traiter, au moment où l’inflation explose et que la guerre est de retour en Europe ?
Et puis nous sommes en France, pas aux Etats-Unis. Est ce qu’il faudrait interdire le port d’armes dans notre Constitution parce que les Etats-Unis l’autorisent ? Ce serait ridicule ! Je refuse que la Constitution du Général de Gaulle serve de support de communication aux amis de M. Mélenchon. Comme je refuse d’être complice de leur hypocrisie : l’extrême gauche donne des leçons de féminisme alors qu’elle défile avec les pires ennemis des droits des femmes, les islamistes, et défend les pires symboles de leur oppression, comme le voile ou le burkini.
Que les choses soient claires : si je suis élu président de LR, la droite ne cédera rien à la gauche. Je n’ai pas cédé à ses intimidations sur l’immigration avec cette polémique absurde déclenchée par les propos du député RN, Grégoire de Fournas, et je ne céderai pas non plus à leurs instrumentalisations sur l’IVG.
Enfin, qu’un autre candidat à la présidence de LR dise de moi, dans le débat lundi soir, que j’incarnerais « la droite ringarde », est parfaitement symptomatique de ce que je dénonce : quand la droite reprend les mots utilisés contre elle par la gauche, elle se soumet. A quoi bon promettre la main sur le cœur que la droite sera vraiment de droite si, dès que le premier cas concret se présente, elle baisse la tête devant la gauche ? Ne baissons plus la tête. Si la droite veut convaincre les électeurs, elle doit d’abord vaincre sa peur de la bien-pensance. N’ayons pas peur de penser autrement que la gauche : c’est précisément pour cela que nous sommes la droite.
Bruno Retailleau